Le 19 octobre, la première mission du programme ExoMars est arrivée à destination sur la planète rouge. Mais si l’orbiteur « TGO » s’est correctement positionné autour de Mars, l’atterrisseur « Schiaparelli » ne s’est pas posé sur la surface. Enfin, techniquement il est arrivé, mais disons qu’il ne s’est pas posé délicatement.
ExoMars est un projet de l’agence spatiale européenne ESA et de l’agence spatiale russe Roscosmos, destiné à l’analyse de l’atmosphère de la planète et au développement d’un système d’atterrissage sur la surface. Le programme comporte une seconde mission prévue pour 2020, qui emportera un « rover » capable de se déplacer sur le sol martien.
Suite à la perte de Schiaparelli, l’ESA a préféré accentuer le positif; son directeur général Jan Woerner a proposé sur son blog officiel ce calcul un peu étrange (traduction personnelle) :
Certaines personnes ont demandé quel était le statut de la mission de 2016 jusqu’à présent. Pour ceux qui aiment les chiffres, le constat suivant pourrait être utile :
L’importance du TGO [l’orbiteur] par rapport à celle de l’EDM [l’atterrisseur] est de 80 % / 20 %. Comme on a obtenu au moins 80 % des données de la descente, le succès global peut être déterminé ainsi : 80+20*0,8 = 96 %. En fin de compte, un très bon résultat
Jan Woerner, "Spacecraft are tricky … and engineering is an art form", blogs.esa.int
Même s’il évidement dommage que l’atterrisseur n’est pas fonctionné, la majorité des outils de mesure se trouve sur l’orbiteur, et espérons que les données récupérées permettront d’assurer le succès de la suite de la mission ExoMars.
Ce n’est pas la première sonde à s’abimer sur Mars, comme le montre cette infographie de 2011 :
L’astrophysicienne Katie Mack (@AstroKatie) expliquait sur Twitter pourquoi il est si difficile de se poser sur Mars : l’atmosphère ne convient pas du tout.
In case you're wondering why Mars seems to take such glee in smashing our poor landers, it's because the atmosphere is exactly wrong. >
— Katie Mack (@AstroKatie) 19 octobre 2016
You have to somehow get from orbital speed to stopped at surface. In a thick atmosphere, like Earth's, parachutes can work. >
— Katie Mack (@AstroKatie) 19 octobre 2016
If there's basically no atmosphere, like on the Moon, can use rockets to land without worrying about burning up on entry. >
— Katie Mack (@AstroKatie) 19 octobre 2016
On Mars, atmosphere is thick enough that you have to deal with it, but too thin to slow you enough for a parachute landing. So it's v tricky
— Katie Mack (@AstroKatie) 19 octobre 2016
NASA has a good track record with Mars landers, but not 100% success. One Russian lander worked briefly. Others all failed. Mars is hard.
— Katie Mack (@AstroKatie) 19 octobre 2016
Even if the lander got chomped by Mars, #ExoMars huge success so far. Orbiter is most of science, lander mainly practice for later mission.
— Katie Mack (@AstroKatie) 19 octobre 2016
Dans une atmosphère dense, comme celle de la Terre, on peut utiliser des parachutes. S’il n’y a pas d’atmosphère, ou qu’elle est très ténue, on peut utiliser des rétrofusées sans risque de surchauffe. Sur Mars, l’atmosphère est suffisamment dense pour qu’on ne puisse pas l’ignorer, mais pas assez pour pouvoir utiliser des parachutes. Mars is hard.
Félicitations à l’ESA & Roscosmos pour cette mission réussie à 96 % !
Commentaires
Cette discussion sur les méthodes d’atterrissage m'a donné envie de rejouer à Kerbal Space Program, tiens.