Le compte twitter @RealTimeWWII, qui raconte la Seconde Guerre mondiale « en temps réel » a publié fin aout le message suivant (traduit de l’anglais par votre serviteur) :
« Le communiqué Britanique condamnant les atrocités nazies ne mentionne pas le massacre des Juifs, bien que le Royaume-Uni soit au courant que des centaines de milliers de personnes sont tuées, grâce au décryptage des rapports SS chiffrés avec Enigma »
J’ai repensé à cette scène de Cryptonomicon de Neal Stephenson, où un général japonais se déplace discrètement en avion d’une île à l’autre quand soudain, surprise ! Une douzaine de chasseurs américains. Il se rend compte, bien trop tard, que ses ennemis lisent tous ses messages secrets :
J’ai voulu vérifier si ça s’était vraiment produit ou inventé par l’auteur : c’est bien réel, et la personne abattue était l’amiral Isoroku Yamamoto, commandant de la flotte japonaise et architecte de l’attaque sur Pearl Harbor.
J’imagine que quand les Américains ont su qui se trouvait dans l’avion, ils se sont dit « oh putain lui je vais m’le faire» (enfin, l’équivalent en anglais bien sûr.)
À ce moment du conflit, les alliés sont en effet capables de décrypter les codes de l’Allemagne nazie (Enigma) et ceux de l’empire du Japon (« Purple ») au travers des programmes ULTRA et MAGIC, respectivement. Avant même que Yamamoto décolle ce jour-là, les Américains avaient son planning complet. Il ne restait plus qu’à l’abattre et à cacher la source de l’information.
C’est un problème qui revient souvent en cryptographie militaire, parfois appelée « dilemme de Coventry » en référence au bombardement de la ville dans la nuit du 14 au 15 novembre 1940 : Les Anglais auraient eu connaissance de l’attaque en avance, mais ne pouvaient évacuer la ville sans dévoiler aux Allemands qu’ils avaient décryptés leurs communications.
La véracité historique de cet événement est débattue, mais l’expression est restée pour décrire la difficulté de savoir jusqu’où aller pour conserver un avantage stratégique.
Pour revenir au Pacifique, comment est-ce que les Américains ont « couvert » l’attaque, baptisée « opération vengeance » ? (la personne chargée de trouver les noms des missions devait être en congés ce jour-là)
L’histoire officielle était que des civils sur les îles Salomon ont vu Yamamoto monter dans son avion et ont informé la base américaine toute proche, simple coup de malchance des japonnais.