Aujourd'hui, je vais vous parler d'une œuvre toute récente et par sa nature déjà éternelle. Une œuvre portée à l'écran par Michel Hazanavicius, incarnée entre autres par Jean Dujardin et Bérénice Bejo et composée par Ludovic Bource, The Artist.
La critique est un exercice difficile. J'ai envie de vous parler de ce film, de vous dire à quel point il est bien filmé, réalisé, photographié, mis en scène. A quel point les acteurs sont criants de vérité, et comment la musique nous transporte de Le Début à The End. Mais je ne peux pas faire ça, car je ne veux pas vous dévoiler ce petit bijou. Je ne veux vous laisser que l'entrevoir avec cette affiche, avec l'envie d'en voir plus dans une salle obscure, là maintenant tout de suite. Ne pas m'étaler sur le prix d'interprétation reçu et mérité par Dujardin à Cannes, ne pas vous donner le lien vers la splendide bande-annonce de 2min30, ne pas vous parler des prestations hors du temps livrées avec bonheur par tous les acteurs, qu'ils soient premiers rôles ou figurants.
Et puis, entre nous, qui irait voir un film français muet en 4/3 et en noir-et-blanc?!? La place coûte assez cher comme ça, si c'est pour ne voir que la moitié de l'écran, non-merci. Qu'on m'amène un Avatar que je voie en 3D sombre tous ces détails qui ont coûté des millions!
Ou alors qu'on m'amène une histoire d'amour dans le Hollywood des années 20. Une histoire de musique, de parole et de silences: le silence des panneaux, écrits en anglais pour leur contexte et sous-titrés en français pour notre compréhension. Et le silence du public, qui attend avec fébrilité le moindre changement de mélodie dans l'espoir d'un retournement de situation, d'un regard qui va tout changer.
Et ces bruits, qu'on n'aurait jamais cru réentendre dans un cinéma: le pop-corn 20 sièges plus loin, qui essaye de se faire oublier. Les rires et les sourires. Et puis le bruit de sa propre respiration, haletante, accrochée à la partition comme la partition est accrochée à l'image.
Et les applaudissements, ceux qui récompensent un beau spectacle, une escapade d'1h40 qu'on veut partager, pour que chacun puisse profiter de cette pépite diffusée sur écran argenté.